Auteur
Marc ROBERT
Résumé
L'objectif officiel affiché par le premier éditeur de logiciel, Mircorsoft, est de révolutionner la sécurité dans tout le domaine informatique grâce à son nouveau logiciel Palladium, renommée dernièrement NSGB pour Next-Generation Secure Computing Base.
Si l’ordinateur personnel d'aujourd'hui est très vulnérable, le PC de demain pourrait bien être inviolable. A la fin de l'année 1999, Microsoft et trois des plus grands constructeurs de ce type de machine, IBM, Compaq et Hewlett-Packard, accompagnés par les fabricants de microprocesseurs, Intel et AMD, ont en effet décidé de s'attaquer au problème de la sécurité sur les micro-ordinateurs. Ils ont fondé l’alliance pour une plate-forme informatique de confiance, la « Trusted Computing Platform Alliance » (TCPA).
L'idée maîtresse du consortium TCPA est de doter chaque PC d'une puce de sécurité, placée sur la carte mère, et du logiciel palladium que Microsoft introduira dans les futures versions de Windows, en particulier Longhorn prévu pour 2004.
L’objectif avoué est de lutter contre le piratage informatique, et de limiter la copie des logiciels et des fichiers protégés par copyright comme la musique ou les films.
Dans les années 80-90, les éditeurs baissaient le niveau de protection contre le piratage de leurs logiciels. Les travaux de Shy et Thisse (1999) expliquaient ce comportement par le fait, qu’à cette époque, les politiques anti-piratage n’étaient pas rentables pour les éditeurs. L’objectif de notre travail est de comprendre le récent regain d’intérêt des éditeurs pour la sécurité de leurs logiciels. Pourquoi ce changement de politique de la part des éditeurs depuis la fin du millénaire, qu’est ce qui leur a permis de passer d’une politique laxiste à celle de tolérance zéro ?
Afin d’y répondre, nous élargissons l’analyse de Shy et Thisse (1999) à une industrie informatique où le réseau Internet est pris en compte. Il a pour principal avantage de permettre une commercialisation discriminatoire des logiciels, à grande échelle et à faibles coûts, qui n’était pas présente dans les travaux de Shy et Thisse.
Notre principal résultat est que la discrimination rend à nouveaux rentable la protection des logiciels. Cet article fait partie d’une suite de trois articles qui démontrent que la discrimination ne doit pas être à priori considérée comme une politique de prix agressive envers les consommateurs ou envers les firmes concurrentes. Cette politique n’est pas mauvaise en soit, c’est l’utilisation que les entreprises en font qui peut être condamnée. Elle n’est simplement qu’un outil stratégique utile pour le management des firmes.