Auteur
Pascale LEPERS-VERWAERDE
Résumé
Les entreprises subventionnées de spectacle vivant sont depuis des siècles, des organisations fortement dépendantes en termes d'accès aux ressources, c'est-à-dire qu'elles doivent acquérir et entretenir des ressources dont elles n'ont pas le contrôle total et pour l'obtention desquelles elles dépendent d'autres organisations qui constituent leur environnement (Pfeffer et Salancik, 1977).
Elles sont donc soumises à un contrôle externe exprimant une certaine logique institutionnelle propre au champ organisationnel auquel elles appartiennent.
En raison de leur complémentarité, les approches théoriques de la dépendance en ressources et néoinstitutionnelle ont été mobilisées pour analyser les comportements stratégiques adoptés lors de la
reconfiguration du champ organisationnel. La thèse soutenue est que les changements réglementaires imposés aux entités, représentant une forme de coercition légale, déclenchent une attitude de résistance pour ralentir le processus de mise en oeuvre. Cette coercition fournit à un groupe très varié, réputé pour son individualisme, une opportunité de cohésion. En effet, lorsque leur avis est sollicité, l'attitude traditionnelle des entités est de contribuer à la réflexion sur le changement, tout en veillant à ce que leurs acquis soient préservés. Désormais, elles ont pris le parti de résister collectivement à certains changements réglementaires qui participent de leur devenir, en faisant valoir les valeurs qui les caractérisent.
S'appuyant sur une étude exploratoire auprès de trente et une entreprises subventionnées de spectacle vivant, et s'inspirant du cadre institutionnel proposé par Oliver (1991), l'objectif de cet article est d'apporter des facteurs explicatifs des comportements des entités artistiques et de leurs stratégies d’adaptation face aux décideurs publics. Dans un système en mutation, les réponses qu'elles apportent aux différents types de pressions peuvent être, suivant les enjeux, aussi bien collectives qu'individuelles. Si leurs comportements sont marqués par un certain déterminisme et si les entreprises subventionnées de spectacle vivant ne possèdent pas la maîtrise totale de leur
évolution, elles veulent y contribuer.