Avec la quatrième vague féministe en France ont émergé de nouvelles organisations féministes dont le collectif Collages_Féminicides_Paris (CFP). Par un dispositif méthodologique original composé d’un duo Insideuse/Outsideuse, nous interrogeons au sein de CFP la manière dont les membres travaillent à la préfiguration de leur projet politique, soit comment elles et ils s’organisent pour ne pas reproduire la violence que CFP combat. Nous ancrons notre travail dans un dialogue entre sciences de gestion et études de genre, plus précisément entre la recherche sur les organisations alternatives et les théories féministes matérialistes. Nous montrons que CFP tend à s'organiser sans la hiérarchie, l’oppression et les rapports d’exploitation qui s'imbriquent via la violence, dans la praxis des organisations capitalistes. Pour ce faire, les membres de CFP expérimentent des pratiques préfiguratives qui entrent mutuellement en tension. Ces tensions génèrent des dissonances sur lesquelles CFP entretient une certaine réflexivité qui se traduit par un ajustement continu du projet politique et des pratiques organisationnelles.
