Auteur
Guillaume TINLOT
Résumé
Cet article propose une analyse des alliances stratégiques à la lumière du concept de pouvoir.
L’alliance est un lieu où se manifestent des relations de pouvoir car les partenaires conservent leurs objectifs, ils sont en situation d’interdépendance et doivent donc assurer la coordination de certaines de leurs activités ; l’émergence de relations de pouvoir au sein des alliances s'explique enfin par un contexte d’incertitude (non-spécification ex ante de l’ensemble des comportements des partenaires) et la génération d’une quasi-rente de coopération.
Chaque partenaire dispose d’un certain pouvoir de négociation dans l’alliance. Les déterminants de ces niveaux respectifs de pouvoir sont à rechercher dans les ressources détenues par les partenaires et apportées à l’alliance (le pouvoir d’un partenaire est positivement corrélé au niveau de spécificité de ses actifs engagés, à la rareté des ressources en question et à leur valeur intrinsèque) ; dans le niveau d’incertitude que peuvent faire peser les partenaires de l’alliance (notamment par l’existence d’alternatives à la coopération en question qui est une source majeure de pouvoir pour un partenaire) et enfin dans la taille, l’importance stratégique de l’alliance et l’urgence de la coopération (négativement corrélées au niveau de pouvoir du partenaire).
Les pouvoirs de négociation respectifs des partenaires s’équilibrent en un rapport de forces qui est la conjonction de facteurs « objectifs » (les facteurs explicatifs du pouvoir de chacun précédemment identifiés) et de facteurs « subjectifs » (il n’est de pouvoir effectif que celui qui est perçu par l’ensemble des parties).
La structure de gouvernance reflète largement la nature de ce rapport de forces initial ; le rapport de forces prévalant dans l’alliance se trouve ainsi « cristallisé » dans l’architecture de l’alliance même si certains facteurs viennent corriger les conséquences des déséquilibres excessifs pouvant exister entre les niveaux de pouvoir de chacun des partenaires (parmi ces effets modérateurs à l’exercice du pouvoir dans l’alliance figurent la confiance prévalant entre les partenaires, l’expérience de la coopération et les normes de réciprocité dans l’alliance).
Cet article s’appuie sur une étude de cas menée sur une alliance complémentaire entre deux PME complémentaires ayant développé conjointement un procédé (logiciel) d’indexation de données vidéo numériques. Cet article présente les résultats issus de cette étude.