Auteur
Loris GUERY
Résumé
Cette recherche, articulée autour de la monographie d’une entreprise de télécommunications, vient contribuer à la connaissance du rôle du manager de premier niveau dans la stratégie, plus précisément aux modalités de la communication descendante qu’il réalise.L’évolution de l’organisation du travail dans les organisations aboutit à une plus grande autonomie des salariés opérationnels, ce qui a des conséquences directes sur le rôle de l’encadrement de premier niveau, notamment une diminution de son rôle hiérarchique au profit de dimensions plus relationnelles. L’une des manifestations en est l’évolution des mécanismes de coordination, qui passent désormais par la recherche de l’adhésion des salariés opérationnels à la stratégie de l’entreprise et à ses objectifs. Les interrogations se portent dès lors sur ce nouveau rôle des managers de premier niveau, sur les modalités selon lesquelles s’effectue cette recherche d’adhésion. Une recherche empirique a été menée au sein d’un grand groupe français de télécommunications, par le biais de vingt entretiens semi-directifs, dont seize avec des managers de premier niveau encadrant des équipes de nature différente. Les résultats montrent que l’encadrement de premier niveau met effectivement en oeuvre une recherche d’adhésion, mais également comment il opère, en essayant de faire adopter aux salariés une vision commune de l’entreprise et de son contexte. La communication s’opère principalement lors des réunions d’équipe, mais fait également appel à des supports écrits et des relations plus informelles. Son contenu tourne autour de quelques thèmes principaux : communication sur les évolutions générales de l’entreprise ; présentation du contexte de l’entreprise et des exigences concurrentielles ; présentation de la stratégie globale de l’entreprise et de ses déclinaisons locales ; accent sur la nécessité pour chaque salarié de s’investir afin de garantir l’avenir de l’entreprise et par là même le sien. Adopter la théorie des conventions comme grille de lecture aboutit à mettre en évidence le rôle de l’encadrement de premier niveau en tant que manipulateur de la conviction sur la convention. Ainsi, par le biais de la communication, les managers de premier niveau essaient de convaincre les salariés opérationnels de l’objectifs commun d’efficience qu’est l’amélioration de la situation économique et financière de l’entreprise, voire sa survie. Le contenu des messages transmis va dans le sens d’une cohérence entre les différents éléments constitutifs de l’énoncé de la convention : principe supérieur, distinction entre les adopteurs, sanctions positives et négatives. Il y a malgré tout quelques dissonances, issues non pas de l’encadrement de premier niveau, mais de l’écart entre les discours des dirigeants de l’entreprise et les manifestations concrètes de leurs politiques sur le terrain (discours sur les salariés comme principale valeur de l’entreprise ; redéploiements de personnels sans prise en compte des
compétences).
