Auteur
Jean-Philippe DENIS
Résumé
L’objectif de cet article est de contribuer aux interrogations actuelles, suscitées par les « scandales » récents (Enron, Worldcom, Vivendi…), quant aux principes et critères sur lesquels fonder le management et la gouvernance des groupes.
S’interroger sur les principes et modalités d’un meilleur contrôle sur les actions des dirigeants conduit à occulter une autre dimension critique que révèlent également ces scandales : le fait qu’une équipe dirigeante peut perdre le contrôle qu’elle est censée exercer sur le contexte d’actions de l’organisation. Ce faisant, la question des principes et modalités de conduite par la direction générale du développement stratégique de l’entreprise dans son ensemble reste largement absente des réflexions en cours. C’est sur cette question que s’interroge cet article.
Ainsi posé, le problème renvoie aux spécificités de la contribution de la direction générale au développement de l’entreprise et aux relations qu’elle entretient avec ses filiales et unités. La première partie de l’article montre qu’en la matière un désaccord prescriptif important existe autour d’une question critique : les relations centre – périphérie doivent-elles être régies par un principe d’uniformité ou de diversité ? Selon que les auteurs répondent oui ou non à cette question, les prescriptions pour gérer le dilemme « intégration – différenciation » diffèrent sensiblement.
L’étude des fondements du débat met en évidence l’importance de la dimension cognitive. Ceci conduit à le revisiter dans la seconde partie à la lumière des théories néo-institutionnelles.
La troisième partie mobilise alors les cas ENRON et POLAROID pour conceptualiser de manière adaptée le problème de la conduite du développement de l’entreprise et formuler des propositions prescriptives visant notamment à limiter les dangers qu’emporte l’inertie cognitive de l’organisation.