Auteur
Barthélemy CHOLLET
Résumé
De plus en plus de recherches utilisent le concept de capital social comme déterminant de la performance individuelle ou collective. Dans le domaine des activités innovantes, ce concept permet d’envisager l’ingénieur R&D comme disposant d’un portefeuille de relations personnelles qui l’aident (ou le contraignent) dans son activité professionnelle. Toutefois, les recherches sur le capital social (Granovetter, Burt) adoptent généralement une approche quantitative qui se focalise sur sa mesure, en laissant de nombreuses zones d’ombres quant aux mécanismes théoriques sousjacents de la relation capital social / performance individuelle. A cet égard, une approche qualitative partant de l’étude des pratiques concrètes d’échanges informels semble adaptée, dans la continuité des travaux de Kreiner et Schultz (1993) et de I. Bouty (1997).
Notre étude exploratoire est fondée sur 13 entretiens qualitatifs auprès d’ingénieurs R&D travaillant tous dans le secteur de la microélectronique. On identifie trois principaux types de mobilisation du capital social : les conseils techniques, les services, la compréhension de l’environnement. Chacune est utilisée par l’ingénieur à des fins de valorisation de son expertise. Le capital social permet à la fois le développement de l’expertise (fait d’accroître le volume de ses connaissances spécialisées pour conforter un statut d’expert), son intégration (fait de combiner ses connaissances spécialisées avec celles d’autres individus pour déboucher sur des réalisations technologiques qui répondent aux attentes de l’environnement) et sa promotion (fait de légitimer cette expertise auprès de l’environnement interne et/ou externe et de comprendre ses attentes).