Auteurs
Paul NGOBO
Alain CAPIEZ
Résumé
Le rôle de la structure du capital dans l’explication de la performance des entreprises fait l’objet de nombreuses recherches depuis près d'un demi-siècle. Le désaccord entre chercheurs s’observe à la fois sur le plan théorique et sur le plan empirique. Jensen (1986), par exemple, considère que les dirigeants peuvent être tentés d’engager des investissements destructeurs de valeur, en présence de Free Cash Flow. L’endettement devrait alors les inciter à s’engager dans des projets rentables pour pouvoir payer les charges d’intérêts qui en résultent ou éviter la faillite de l’entreprise. Un autre argument, tout à fait logique, considère que la dette peut réduire le pouvoir discrétionnaire des dirigeants sur les ressources de l’entreprise et par conséquent leur capacité à faire face aux pressions concurrentielles. Le niveau d'endettement pourrait ainsi affecter des projets nouveaux et risqués, tels que la R&D, souvent déterminants pour la survie à long terme de l’entreprise. Cette recherche essaie de concilier ces deux points de vue en analysant le rôle modérateur des différences culturelles nationales dans la relation entre l’endettement et la performance de l’entreprise. Pour cela, nous analysons analyse sur un échantillon de 15 120 entreprises (source = base COMPUSTAT GLOBAL), de 48 pays observés sur une période de 11 ans (1992-2002), soit 166.322 observations annuelles. Nous développons un modèle empirique multi-niveaux dans lequel nous considérons que chaque entreprise est emboîtée d'abord dans son secteur d’activité, puis dans son pays. Cette méthodologie nous permet de comprendre la part de variance expliquée par les différences interfirmes, intersectorielles, et inter-pays. Nos résultats montrent que la culture joue un rôle modérateur dans la relation entre l’endettement et la performance d’une entreprise mais la nature et l'importance de ce rôle dépendent surtout de la mesure de la performance utilisée.