Auteur
Hélène DELACOUR
Résumé
Suite à une rupture technologique, un nouveau marché se créé autour du produit inédit (par exemple, l’introduction de la télévision a donné naissance à une industrie qui lui est dédiée). Sur ce marché, deux types d’acteur aux ressources et capacités hétérogènes vont entrer en concurrence (Chandler et Hikino, 1990 ; Freeman et Soete, 1997). La première catégorie est composée d’entreprises nouvellement fondées, sans passé organisationnel : les « nouveaux entrants ». Une de leurs caractéristiques principales est qu’elles sont à l’origine de la « destruction créatrice » (Schumpeter, 1934). La deuxième catégorie est constituée des entreprises qui existaient déjà avant la rupture technologique et qui ont décidé de développer cette innovation. Ces entreprises qui évoluaient dans un environnement proche sont appelées « entreprises historiques ».
Depuis Schumpeter (1934, 1942), les chercheurs ont beaucoup débattu sur la question de l’entreprise la plus apte à survivre sur un nouveau marché issu d’une rupture technologique et n’ont cependant pas apporté une réponse claire. Il ne s’agit pas ici d’étudier une nouvelle fois qui de ces deux types d’entreprise est la mieux amène de se développer et survivre sur un nouveau marché a posteriori. Au contraire, nous pensons que c’est la complémentarité de ces entreprises qui permet la survie de l’ensemble des acteurs au sein de la nouvelle industrie. Chaque type d’entreprise ne peut s’adapter de façon isolée, sans contact avec ses concurrents. C’est pour cela que nous avons plutôt choisi de nous intéresser à un processus qui est rarement étudié : le processus d’adaptation de ces entreprises suite à leur entrée sur un nouveau marché caractérisée par un haut niveau d’incertitude.
En comparant le portefeuille de ressources et capacités requis par la nouvelle technologie à ceux détenus par les deux types d’entreprise lors de leur entrée sur un nouveau marché, nous faisons le constat que ces entreprises ont besoin l’une de l’autre pour survivre. En effet, elles possèdent toutes les deux des portefeuilles incomplets mais complémentaires. Nous pouvons alors mettre en évidence comment l’imitation est un processus efficace pour chaque type d’acteur pour survivre après une rupture technologique et développer les ressources et capacités manquantes.