Auteurs
Nada REJEB
Abdelfettah GHORBEL
Résumé
La compétition accrue au niveau mondial crée plus de pressions sur les donneurs d’ordres qui exigent désormais une plus grande implication de la part de leurs sous-traitants. Ainsi, les formes traditionnelles de sous-traitance s’effacent progressivement au profit de relations plus équilibrées en terme de partenariat. Par ailleurs, l’évolution de la relation de sous-traitance implique de nombreux changements tant dans les pratiques que dans les comportements. Cette évolution est caractérisée d’une part, par une dépendance accrue du sous-traitant vis-à-vis son donneur d’ordres ; et d’autre part, par l’augmentation des niveaux d’exigence et d’influence de ce dernier par rapport à ses sous-traitants. L’objectif de cette recherche est de vérifier jusqu’à quel point les sous-traitants, à travers leur nouvelle relation avec leurs donneurs d’ordres réussissent à développer des compétences qui leur permettent d’améliorer leur performance. Pour cela, une enquête fut réalisée sur 43 firmes des Industries Mécaniques et Electriques en Tunisie. Les principaux résultats de notre recherche montrent que les caractéristiques retenues de la nouvelle relation de soustraitance n’ont pas forcément l’effet escompté sur l’acquisition des compétences étudiées. En effet, un degré de dépendance élevé est davantage associé à une subordination du sous-traitant par rapport à son client qu’à un rapport d’exclusivité entre les deux parties. Ce résultat renvoie au portrait d’une dépendance au sens traditionnel et explique le retard accumulé par les sous-traitants dépendants aussi bien au niveau des compétences technologiques qu’au niveau des compétences organisationnelles. Par ailleurs, les résultats soulignent que le niveau d’implication du donneur d’ordres est associé à un profil de compétences légèrement plus développé. En particulier, le donneur d’ordres semble davantage impliqué dans le développement des capacités productives du sous-traitant au détriment de celles relatives à la conception et celles relatives à la gestion. Ce résultat confirme le statut traditionnel de la relation dans la mesure où le sous-traitant se trouve confiné dans l’exécution des tâches qui lui sont imposées par le donneur d’ordres. Les résultats permettent en outre de souligner les retombées limitées de l’impact du niveau d’exigence du donneur d’ordres. Ce dernier exerce ses exigences particulièrement sur le domaine technique et laisse au sous-traitant la gestion de ses ressources financières et humaines. Enfin, l’étude de l’impact des compétences acquises par le sous-traitant au cours de ses interactions avec son donneur d’ordres dénote de l’importance de la contribution de la majorité de ces compétences dans l’explication de la performance de la firme. Les résultats révèlent que la performance est davantage associée à des compétences d’ordre technologique qu’à des compétences d’ordre organisationnel. En particulier, on note l’importance du rôle du dirigeant dans le succès de la firme. Ce résultat confirme l’idée selon laquelle le succès des innovations techniques repose autant sur le développement des compétences technologiques que sur l’acquisition des compétences critiques en matière de gestion.