AIMS

Ferrary Michel, Vidal Pascal
Les leçons de management de la communauté Linux

Auteurs

Michel FERRARY

Pascal VIDAL

Résumé

La capacité de Linux à concurrencer Windows ne s’explique pas uniquement par la qualité de ce logiciel mais également par le mode original d’organisation du travail de développement du logiciel et par la philosophie du mouvement pour le développement du  logiciel libre (Free Software Foundation).  Derrière la concurrence entre les deux systèmes d’exploitation se cachent deux logiques différentes de développement des logiciels.

L’exemple de la communauté Linux montre que le réseau informatique est une condition nécessaire mais non suffisante à l’existence de communautés de pratiques. Pour que collaborent des individus dont a priori les intérêts convergent, il est nécessaire qu’ils se constituent en une communauté avec une culture et des pratiques communes. En ce sens, Linux constitue une communauté de pratiques.

Mais de façon plus générale il s’agit également d’une communauté « sociale » avec ses règles, ses valeurs, ses symboles et ses leaders. Les principes de développement permanent, de décentralisation dans un système ouvert et de transparence qui structurent le fonctionnement de cette communauté, ne fonctionneraient pas, sans le principe quasi philosophique de l’open source et une identité communautaire très forte.

Si la communauté Linux montre qu’une communauté virtuelle d’individus électroniquement reliés ne peut exister sans une dimension sociale forte, elle montre aussi que cette relation sociale se
construit à travers les liens électroniques car les systèmes  d’information ne sont pas uniquement un vecteur de circulation d’informations économiques et industrielles mais également un vecteur  d’apprentissage social et d’engagements émotionnels permettant l’émergence d’une communauté virtuelle sous-tendant l’efficacité productrice de l’entreprise. Dans l’interaction sociale, il faut considérer le lien électronique comme un lien de “ communalisation ”. Le lien électronique constitue le nécessaire lien faible du processus d’apprentissage social qui permet la construction et la pérennisation de liens sociaux forts dans la réalité virtuelle et/ou la réalité physique et favorise l’émergence d’une communauté.