AIMS

Nicolas Eline
Apprentissage organisationnel et adoption d’une démarche de développement durable : entretiens exploratoires dans des PME agroalimentaires à l’occasion de la normalisation AB (Agriculture Biologique).

Auteur
Eline NICOLAS

Résumé

Le label « AB » (Agriculture Biologique) représente l’une des  traductions opérationnelles du concept de développement durable, accessible à la PME agroalimentaire. Cette mention permet de rassurer les consommateurs dans un contexte de crises environnementales et alimentaires.
Néanmoins, cela implique de mener à bien un processus long et complexe qui va nécessiter de nouvelles compétences. Il apparaît intéressant de comprendre comment la PME agroalimentaire met
en place un apprentissage organisationnel permettant la  normalisation AB. L’article présente une étape précoce de tentative de compréhension de ce processus, par une étude exploratoire menée
auprès de PME agroalimentaires. Des entretiens individuels semi-directifs ont donc été conduits dans le cadre d’une approche qualitative multi-sites. La catégorisation des données collectées a permis la construction d’un dictionnaire des thèmes. Puis, à l’aide de la méthode de comparaison analytique, un tableau des concordances a pu être dressé. L’analyse méthodique des compte-rendus d’entretiens a notamment permis de mettre en avant deux caractéristiques déterminantes dans l’adaptation des connaissances de la PME agroalimentaire à l’occasion de la normalisation AB.

D’une part, le caractère saillant du traitement par fonction des données dans la PME a été souligné. Deux groupes d’acteurs, le Responsable AB et le personnel d’exécution, semblent particulièrement actifs dans le processus d’adaptation des connaissances. Alors que le Responsable AB traite des données hétérogènes et principalement formelles, le personnel de production va plutôt développer des solutions d’ordre opérationnel concernant les procédés d’exécution.D’autre part, l’organisation
de la production semble très centralisée. Les niveaux hiérarchiques supérieurs pensent l’organisation du travail en s’appuyant notamment sur les connaissances et l’expérience accumulées par les membres de l’organisation lors de précédentes démarches de standardisation comme celles portant sur l’hygiène alimentaire (HACCP) ou la qualité (ISO). Cette étude exploratoire a permis d’envisager l’existence d’un apprentissage à double compartiments. Les deux groupes mis en avant, le Responsable AB et le personnel de production participent différemment au processus d’adaptation des connaissances. La répartition harmonieuse paraît reposer sur un « juste apprentissage », c’est à dire pas plus important que nécessaire pour les différents acteurs. Il semble que les PME agroalimentaires rencontrées aient su mettre en place un apprentissage organisationnel suffisamment simple pour ne pas perturber leur fonctionnement, mais en même temps efficace puisque le label AB a été obtenu.